samedi 7 août 2010

La Vie d'un Homme Inconnu, Andreï Makine



Après une autre bouse (je ne tombe que sur des bouses) dont j'ai oublié le titre (edit à venir quand je retrouve le bouquin), qui aurait pu être intéressante (cela racontait la vie d'un des acteurs de cinéma muet les plus célèbres de l'époque, un japonais aux USA, dont la fin de carrière a été moche), j'ai enfin lu un délice, une merveille, une splendeur, bref, un VRAI livre: La Vie d'Un Homme Inconnu d'Andreï Makine.

Makine, c'est décidemment une plume. Un de ces auteurs qui rappellent que finalement, les autres contemporains écrivent nettement moins bien (ô désespoir), mais que certains défient encore feu-ceux-qui-n'ont-rien-à-prouver (là, lueur d'espoir). Ce sont des mots, simples, évidents, mais justement: limpides, lyriques, oniriques parfois, sans projeter dans un affreux climat éthéré pseudo-intellectualo-compliqué.

La Vie d'Un Homme Inconnu ramène un Russe qui a quitté le pays depuis les années 80 au Moscou des années 2000. Et si la vie capitaliste était son quotidien à Paris, quitter le monde communiste aussi brutalement, voir cette société un peu perdue s'en échapper avec cette recherche de l'opulence, ce besoin de la richesse, du progrès, du bond, qui, comme tout travail rapide en fait un travail fragile, le déboussole totalement. C'est la perte des repères, l'absence de réconciliation entre ses deux "moi", l'un occidental, l'autre slave, dont chacun des deux idéalise l'autre camp, qui fait toute la force psychologique du roman.

Et ce sont les mots, les émotions de Makine qui ouvrent cette brèche sans jamais lancer de grandes questions, sans tomber dans le monologue torturé, sans virer au débat journalistique. Un roman qui suggère, à la manière des romans, et qui reste, avant tout, une histoire, un récit, un écrit: bref, un livre de lecture (et non pas ce que j'appelle un livre de connaissances, ce que je respecte et apprécie du reste également). 

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