samedi 2 mai 2009

(...)

Il est des jours où l'on se pose les bonnes questions. Et il est des périodes où l'on s'en pose trop, et où, à force de tenter d'y répondre, on s'éloigne de soi-même.

Parfois, ces jours s'enchaînent dans le bon ordre. D'autres fois non.

Je me suis demandé aujourd'hui pourquoi j'avais un blog. Pourquoi depuis 2003, jamais je n'avais vécu sans. Pourquoi j'en avais commencé plein, pourquoi je les avais sporadiquement entretenus, pourquoi je les avais oubliés. Il y a ceux que j'ai effacé, et ceux sur lesquels je n'ai pas pu tirer un trait, et que j'ai laissé mourir dans les abîmes profondes d'internet. Je les ai laissé à la mer, dans l'eau ou une rivière. J'ai regardé leur papier flotter, et l'encre de leur adresse dégorger. Jusqu'à n'être plus rien.

Mais jamais, jamais depuis je n'ai vécu sans blog.

Peut-être pour le côté salvateur qu'ils semblaient m'apporter. C'est complètement paradoxal, mais mes blogs m'ont toujours paru intimes. Peut-être parce que personne ne les lisait. Ou du moins que je m'ignorais lue. Peut-être parce que ce que j'écris vraiment - à mon sens du mot écrire - ne reste que dans la sphère intime de quelques personnes, et que leur donner toutes les pièces me coûte. Peut-être parce qu'un blog a cet aspect anodin qui fait qu'on ne le juge pas. Peut-être parce qu'inconsciemment j'essayais interpeller, et me sentais protéger par un infini sans frontière qui me laisser être une inconnu.

Envoyer un bout de soi, de ses pensées, loin, presque dans les airs, c'est agréable. Enfin, je jettais des lettres au feu, ou des dessins à la mer, et je me disais que le monde charrierait un peu de moi. Quand j'avais envie d'effacer quelque chose de ma vie, je me disais que ça me libérerait. Quand j'avais envie de dire quelque chose, que ça le rendrait public sans qu'on me le rattache.

Il est très facile de donner toute une partie de soi-même. C'est la plus jolie des diversions. Et les gens, persuadés de vous tenir, ne cherchent pas à aller plus loin. Pour faire oublier ce que je cachais vraiment, j'ai donné ce que les autres auraient jugé bon de protéger. Et personne ne m'a ennuyée.

Mais quand on jette à la mer ou au feu, on a au fond l'espérance que quelqu'un, quelque part retrouve le papier, que ses particules se réassemblent, et qu'il puisse le lire. C'est utopique et impossible, jusqu'à ce que ça devienne un blog. Un blog, c'est presqu'aussi infini que la mer, et c'est pour ça qu'on ne peut pas y mentir. Je n'ai jamais pu tenir de journal intime, parce que ça m'ennuyait. Parce que ça ressemblait à un livre, et que ça ne peut pas être mauvais. Un blog, c'est un peu une confidence, le trou où l'on enterre ses pensées, en sachant que personne ne les lira, en espérant que quelque part, quelqu'un le trouve, et peut-être même l'apprécie.

Aujourd'hui, j'ai voulu supprimer tous ceux dont je me souvenais. Et je n'ai pas pu me résoudre à tuer le plus récent. Des fois que...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire