lundi 6 décembre 2010

Avishai Cohen Trio - Eleven Wives


J'aime Avishai Cohen: parce qu'il mélange légèreté et gravité, avec harmonie. Chacun de ses accords prend forme, un peu comme de la fumée, ou comme une irradiation de lumière. Eleven Wives est un morceau très particulier... Il ne présente rien de l'orientalisme majestueux et onirique fréquent chez Cohen. Il n'est pas léger, pas "virtuose". Il est grave. Eminemment grave. Comme un appel à l'humanité, comme un dernier sursaut avant le désespoir et l'inanité, comme, simplement, une constatation du quotidien.

L'introduction est mélancolique et fuyante à la fois. Elle donne l'envie de courir, loin, de faire sortir toute cette torpeur. L'arrivée des cordes à la rencontre du piano lancinant irrite, et la mélancolie devient étouffement. Puis tout l'orchestre apparaît, et là, tout s'éveille. La fuite devient fureur, la course devient envol. Tout est jeté en l'air, détruit... tout explose. Et là, arrive encore un changement, un ralentissement, une résurgence du piano au milieu des autres. Un moment de douceur. Un moment d'abandon aussi. Une faille. Puis les cordes et la batterie reviennent, toujours avec ce rythme répétitif, violent, et la course reprend, effrénée. Le piano change de rythme et s'accorde à elles, sur de nouvelles notes, comme une acception, une résignation. Et tout le reste du morceau est dualité: entre les rythmes, entre le piano et "ces autres", entre les émotions, entre les départs et les arrêts. La fureur redevient colère, puis la tempête se transforme en tristesse, et tout se tait, sur une dernière note fatiguée, grave, résignée.

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